samedi 14 mars 2009

Stances de Don Leaderich

Percé jusqu'au fond des âmes
d'une atteinte tordue aussi bien qu'immortelle
Vénérable pourfendeur d'une vaine ritournelle
Et amoureux objet d'une injuste fiévreur
Je demeure volatile et mon coeur abattu cède au coup qui m'enflamme
Si près de voir mon feu récompensé
Oh dieu l'étrange peine, puisqu'en cette vision
Mon frère est l'offensé et l'offenseur est frère de Carmen!

Que je sens de rudes débats
Contre mon propre destin mon amour s'intéresse
Il faut venger un frère et perdre une maîtresse
L'un m'anime les coeurs l'autre retient mon poing
Réduit au triste choix ou de trahir ma vie
Ou de vivre dans l'oubli!
Des deux côtés mon drame est infini
oh dieu l'étrange veine
Faut-il laisser un coeur en peine?
Faut-il punir le frère de Carmen?

Frère, maîtresse, colère, amour,
Noble et dure suppliques, aimables insomnies,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma vie affaiblie
L'un me rend miséreux et l'autre indigne du monde.
Cruel attrait d'une âme religieuse
Mais follement amoureuse
Digne ennemie de mon plus grand crève-coeur
Lèvres qui causent ma peine
M'es tu donné pour perdre ma hauteur?
M'es tu donné pour perdre ma Carmen?

Il vaut mieux rire au trépas
Je dois à ma tendresse aussi bien qu'à mon frère
J'attire en me vengeant son feu et sa misère
J'attire son dédain en ne me vengeant point
A mon plus doux espoir l'un me rend infidèle
Et l'autre indigne d'elle
Mon feu augmente à le vouloir mourir
Tout redouble ma veine
Allons mon âme, et puisqu'il faut sortir
Sortons du moins sans offenser Carmen.

Sortir, sans tirer ma raison
rechercher un faux pas si funeste à ma gloire!
Endurer que la place n'impute à ma mémoire 
D'avoir mal soutenu l'honneur de mon blason!
Relancer un amour dont mon âme épuisée
Voit la perte assurée!
N'écoutons plus ces pensées de menteur
Qui ne servent qu'a ma peine:
Allons mon coeur, sauvons au moins l'honneur
Puisqu'après tout il faut perdre Carmen.

Oui mon ami, je suis déçu
Je dois à ma tendresse aussi bien qu'à mon frère,
Que je meure d'ennui ou meure de folie
Je rendrais mon sang pur, comme je l'ai reçu.
Je m'accuse déjà de trop d'ambivalences
Courons à son absence
Et tout honteux d'avoir tant discuté
Ne soyons plus en peine
Puisqu'aujourd'hui mon frère est l'offensé
Et l'offenseur est frère de Carmen!


1 commentaire:

  1. Une fois encore bravo pour l'humour, et pour le travail sur les vers d'origine.
    J'ai trouvé particulièrement hilarant : " Allons mon âme, et puisqu'il faut sortir"...

    RépondreSupprimer

Réagissez sans craintes