dimanche 28 décembre 2008

Petite Litanie du joueur de go

Quelle part de go en nous?
Quelle part d'ego en vous?

Bâtisseurs de destins aux outils bien tranchants,
aiguisés comme des lames de combats,
obstinés, peu regardant souvent, sans pitié toujours,
ils coupent.
Un bonheur imprévu, triste drague qui les
remplit de haine et tout rentre dans l'ordre.
L'éternité à portée de main, le souffle du vent,
l'immensité bleue, une seconde puis deux, 
bref aperçu d'un instant divin dérobé au coin de la rue.

Avez-vous vu hier sur les boulevards
la fille de ce cher Monsieur, homme du monde et politicien,
alliant grâce et provocation, anodine mais remarquable.
Au croisement de la rue vieille du temple,
profitant du paysage et de l'ambiance,
se délestant de son insupportable fardeau,
sur son coeur en glissant, tout en douceur 
vint titiller le corsage de la belle
qui un peu tard s'aperçut avec effroi
que son nouveau compagnon venait du ciel, 
messager de mauvais augure il s'éloigne en croassant.

AC is Shooting you



Un peu de com pour une bonne cause. je vous conseille d'aller jeter un coup d'oeil sur les clichés de profedon sur Flickr aka Ramou aka AC. Depuis qu'il parcourt le globe armé de son fidèle holga, il semble opérer un retour aux sources dont nous avons bien besoin. Quelques images d'un Japon intemporel mêlées au effluves d'un Paris naissant.
Un projet tout neuf mais qui a du coeur!

Lucky Joy ou la joie du chanceux



A force de lire des critiques de disques, d'artistes et de films on finit par croire que pour parler d'une musique il faut faire tout sauf s'y intéresser. Envelopper des références savantes, arty disco pop qui se cognent aux labels electro/pop/punk, mélangeons quelques noms  bien sentis accompagnés des groupes sous-contrats et nous voilà avec un bon petit billet. En réalité on se retrouve à lire un défilé de noms qui ne font que décrire comment on pourrait comparer la musique du groupe qui nous intérresse sans jamas en parler, sans jamais nous laisser entrevoir ses sonorités. Gonfler l'égo de ceux qui comprennnent et pour qui tous ces néologismes barbares veulent en effet dire quelque chose et rebuter les autres, voilà le résultat.
Bon c'est bien beau mais il y a peu de chances de révolutionner cela du jour au lendemain.
Je voulais simplement vous parler de Lucky Joy, je suis tombé dessus complétement par hasard et je dois dire que la surprise de la découverte cotoie allègrement la joie immense en l'écoutant.
le groupe est écartelé entre Paris et Genève, ce qui dans la musique se traduit par un mélange français-anglais-espagnol qui s'enchaîne plutôt bien. Il y a surtout une certaine dissonance entre les rythmes électro un peu groovy en fond et les voix sensibles et tranquilles. Cette dissonnance s'amplifie au fil du temps pour n'être qu'un flot ininterrompu d'énergie poétique dansante. le plus étonnant c'est de voir le groupe se réinventer sur chaque chanson. passer d'un groove un peu posé à une ritournelle british et repartir sur des sonorités un peu scandinaves c'est une belle leçon d'écléctisme.

What's more human than poetry
What's more human than you and me


Je dois aussi avouer mon échec dans ce billet. Il va falloir trouver un moyen de parler de musique comme Daniel Arasse parle de peinture, ce serait beau!

jeudi 11 décembre 2008

L'enfer c'est les blogs

Voici un petit condensé des maux dont les blogs sont désormais responsables. Ces propos ont été recueillis auprès de sources diverses comme mon grand-père qui ne sait pas vraiment ce qu'est un ordinateur et à sa place je m'en balancerais aussi, des magazines pseudo-hypes, des artistes que l'on peut lire dans ces magazines pseudo-hypse, des amis etc...
C'est en quelque sorte la transcription d'un bruit de fond ambiant que l'on observe avec un sourire indulgent, compréhensif et un brin moqueur car synthétiser un phénomène avec quelques phrases-rengaines c'est toujours marrant.

- "Les blogs ont tué le vinyle"
- "La critique de cinéma traditionnelle a été anéantie par les blogs"
- "Les bloggeurs ont remplacé les journalistes"
- Les blog au coeur de la campagne américaine, comment faire confiance à l'incontrôlable!
- Une bloggueuse met en cause le ministre des affaires étrangères belges, abus de pouvoir ou diffusion légitime de l'information?
- Arrestation, Libé, blog, free, scandale, jusqu'où iront-ils?

Bien sûr il y a derrière ces phrases lapidaires et volontairement sorties de leur contexte un constat simple: celui d'un monde en mouvement et façonné par les nouveaux médias participatifs. C'est surtout amusant de voir ou d'entendre ce genre de constat au moins 3 fois par jour. je vous encourage donc à faire pareil que Pénélope mais à l'envers, donc on remplace la crise par "Les Blogs" et le tour est joué.
A vous!

jeudi 4 décembre 2008

C'est une question de point de vue

Comme on n'arrête pas de nous rabattre les oreilles sur le déclin de l'industrie de la musique sans élever vraiment le débat, ne laissons pas passer les bons billets.
Je vous conseille vivement de jeter un oeil sur cette présentation qui explore la nouvelle organisation du secteur. Pour faire très court , mais je vous recommande de lire la présentation dans son ensemble, l'idée centrale est que la crise actuelle n'est en réalité qu'un transfert de pouvoir. D'un modèle centré sur les labels, de gros volumes et des marges faibles pour les artistes on passe à un modèle centré sur la relation artiste-fan avec des petits volumes et des marges plus importantes.....pour les artistes. Ce nouveau modèle rendu possible grâce aux nouveaux outils d'Internet bouleverse les rapports de force et donne la possibilité aux artistes de reprendre le contrôle sur leur créations. Du point de vue des labels, c'est sûr que c'est pas la joie mais du point de vue des artistes c'est très différent. Une présentation à lire absolument!

lundi 1 décembre 2008

Henry Miller et la banlieue

En lisant Henry Miller je suis tombé sur un passage décrivant avec une acidité lucide les affres de la banlieue cossue et bien rangée, j'en frémit!

"Quant à la banlieue, si sinistre et perdue, toutes les personnes de ma connaissance qui étaient allées y vivre avaient rendu l'âme. Le courant de la vie ne baignait jamais ces confins. il ne pouvait y avoir qu'une seule raison pour se retirer dans ces vivantes catacombes: de procréer et de dépérir. S'il était agi d'un acte de renoncement ce serait compréhensible, mais tel n'étais jamais le cas. C'était toujours un aveu de défaite. la vie devenait routine, l'espèce la plus morne de routine. Travail monotone, famille au vaste sein où se réfugier, animaux familiers de basse-cour et leurs maladies, beaux magazines d'un contenu douteux, comics, almanach du fermier. Temps interminable pour s'étudier dans le miroir. L'un après l'autre aussi régulier que le soleil de midi, les gosses tombaient de la matrice. Le loyer venait aussi régulièrement à l'échéance, ou l'intérêt de l'hypothèque. Quel plaisir de regarder poser les nouvelles canalisations! Combien passionnant de voir de nouvelles rues s'ouvrir et finalement se couvrir d'asphalte! Tout était neuf. Neuf et de pacotille. Neuf et désolé. Neuf et dénué de sens. Avec le neuf venait des suppléments de confort. Tous les plans étaient tirés pour la génération à venir. On était hypothéqué en vue de l'avenir radieux. Une course en ville et on se languissait d'être de retour dans le coquet petit pavillon, avec la tondeuse à gazon et la machine à laver. La ville était troublante, déroutante, oppressante. On acquérait un autre rythme en vivant en banlieue. Quelle importance si l'on n'était pas au courant? Il y avait des compensations telles que les pantoufles douillettes, la radio, la planche à repasser qui jaillissait du mur. Même les canalisations avaient de l'attrait."