Un poème sans titre, d'Ilarie Voronca extrait d'Ulysse dans la cité (1933)
L'avoine du vent se renverse dans le sac de l'air
La harde de l'horizon hennit
Les glandes des sommets deviennent moites
Dans les éprouvettes de l'ombre le soir foisonne
Tes regards tissent une chemise aux broderies paysannes
Puis dans un cliquetis d'étoiles on relève la garde du ciel
Qui m'appelle? Est-ce toi l'auteur de ce poème?
Ma vie est enfermée ici entre les pages de ce livre
Comme un commentaire
Comme une ombre dans les feuillages du chêne
Me voila devant toi qui es-tu? qui suis-je?
Qui de nous deux engendre l'autre?
Tu t'appelles Ilarie Voronca et tu as vingt-trois ans
D'autres avant toi ont eu aussi cet âge
Leurs noms étaient plus sonores et ils jonglaient avec le ciel
Eux aussi se sont penchés sur le passage à niveau du cœur
Le garde-barrière tirait au train la langue du fanion
Eux aussi ils ont demandé aux profondeurs la signification du dernier départ
Sur les vitres les fleurs de glace dessinaient la respiration des événements
Dans la tanière du rêve les choses se réveillent prennent forme
Je me débat je veux m'échapper de la cage des mots
Aiguille donc ailleurs la tristesse inévitable
La plume cordon ombilical me relie à toi
Tu m'as vu dans les cinémas ces archets du silence
Sur tes lèvres la voix fait naufrage
lundi 14 juin 2010
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